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mardi 28 avril 2020

LE ‘’CHOP’’ DANS L’ANIMISME BAMILEKE (OUEST CAMEROUN)


Par KOM Bernard, Chercheur Indépendant, Douala, Cameroun
Tel : 673 41 91 94/699 87 74 59

     Pour ceux qui sont Animistes Bamiléké, ils ont déjà probablement entendu le mot ‘’CHOP’’. S’il est nécessaire et même urgent d’en faire évocation dans un article, comme celui-ci, c’est en raison des ravages et autres malheurs que cela cause dans certaines familles, à l’insu de ces dernières, le plus souvent.
     
     Le ‘’CHOP’’,  à l’instar d’autres coutumes que la pensée moderne orgueilleuse néglige, est souvent à l’origine de nombreux accidents mortels, de pertes inexplicables d’emploi, du chômage, du célibat endurci des jeunes, des adhésions inconscientes aux sectes, de maladies diverses (mal de pieds, mal de ventre, hémorroïdes, etc.), de morts par sorcellerie, etc.

     Qu’est ce que donc le CHOP, se demande certains, à la fin ? Il s’agit d’une énergie mauvaise enfoui sous le sol d’une concession familiale, résultat de pensées ou de paroles négatives émises par un ou plusieurs individus, en ce lieu, depuis de nombreuses décennies. De telles émissions humaines peuvent être faites volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment, par exemple suite à une amertume profonde et prolongée jusqu’à la mort du sujet, une rancœur  ou une déception tenace et longue, ou une jalousie aggravée. Un CHOP peut aussi émaner d’une dispute vielle de plus de trente années, qui avait eu lieu en cet endroit de la concession, entre deux ou plusieurs Membres de la famille, pour ne citer que ces quelques cas. 

     Le CHOP peut se loger en tout endroit de la concession, sous un lieu sacré (TCHWEPSSI ou TSUSSI, sanctuaire familial naturel) ou même au creuset d’un foyer traditionnel à trois pierres (Tonmok). Le CHOP du Tonmok est le plus souvent dû à une femme, tandis que celui du Tsùssi est souvent le plus dangereux. Il peut exister plusieurs CHOPS dans une même concession donnée, tout comme il arrive souvent qu’un même CHOP soit mobile sous le sol d’une même concession. 

     Le diagnostic de la présence d’un CHOP dans une concession, relève de la compétence des voyants. Cette détection arrive souvent  lorsqu’une famille, confrontée à des situations mystérieuses, se rapproche d’un voyant afin d’en décrypter les causes réelles. Les stimuli ici, ca peut être des accidents mortels rapprochés, des morts brusques  sans maladies, etc. Une telle recherche spirituelle (il faut justement préciser au passage que tous les problèmes humains ne sont pas seulement d’ordre rationnel, comme d’aucuns voudraient l’imposer à la société) se fait souvent simultanément ou successivement auprès de deux ou trois voyants chevronnés, par des Responsables de la famille. La coïncidence approximative des résultats fournis par ces mediums permet donc à la famille de se rassurer de l’existence du CHOP (ou d’une autre coutume), puis de s’organiser pour le creuser d’urgence, afin que cela ne fasse pas d’autres éventuelles victimes. 

     De la même manière, expier un CHOP relève de la compétence des voyants, qui commencent par localiser parfaitement la position du maléfice enfoui sous le sol. Pour cela, ceux-ci utilisent le pouvoir du magnétisme dans leurs mains (le Fù), qu’ils frottent l’une contre l’autre. Ensuite, le voyant peut utiliser un coq et une poule, ou une chèvre, des poudres traditionnelles, de l’huile de palme, du sel, du jujube et autres, pour annihiler ledit poison souterrain. Le matériel de travail et le  coup de la main d’œuvre dépendent alors de la taille du CHOP à creuser.  Ce rituel diurne et en présence de Membres de la famille, s’accompagne de paroles de paix, de réconciliation et d’unité. 

     Au final, un peu de cette terre maléficiée sera creusée, traitée séance tenante, puis tracée sous le pied gauche (si c’est votre coté maternel) ou sous le pied droit (si c’est votre coté paternel) de chaque Membre de la famille, afin de rompre le rayonnement négatif continu dudit CHOP sur ce dernier. On en gardera une partie pour ceux des Membres absents au moment du rituel. Ceux des absents qui viennent à ne pas savoir qu’un CHOP a été creusé, à oublier qu’un CHOP avait été creusé ou qui refusent d’y adhérer, pourraient continuer d’en subir les méfaits, et risqueront de creuser à nouveau le même CHOP plus tard, ce qui constituera des défenses financières supplémentaires qu’on pouvait éviter. Pour ceux qui sont accros des seules prières, il convient de savoir que ces dernières sont loin de pouvoir expier par elles-mêmes le CHOP. Les prières peuvent faciliter le diagnostic au voyant et à la famille, mais, il peut s’avérer obligatoire ensuite de creuser ledit CHOP, de manière physique. 

     Des témoignages quotidiens sur les méfaits de CHOP non expiés ou les bienfaits de CHOPS expiés sont nombreux, et il suffit d’être quelque peu attentif  auprès des Responsables de famille, pour en suivre, toutes les fois que la question de la Religion ancestrale est évoquée. 

     Le présent article a pour but de susciter l’attention des jeunes Bamiléké sur ce fléau spirituel qui est tous les jours issus des comportements humains, et qui ne devrait plus continuer à décimer des familles à leurs insu. Que de personnes brillantes, hommes d’affaires, grands intellectuels, hommes politiques, qui sont tombés du fait du CHOP non expié ou d’autres coutumes non faites ! Le CHOP peut exister dans d’autres cultures du monde, même sous d’autres formes ou appellations, car toutes les causes possibles du CHOP, de même que son réceptacle, sont universels. 
L’Afrique ne devrait pas continuer de perdre de ses valeureux fils, du fait du rejet de certaines traditions utiles. Merci.

jeudi 23 avril 2020

LE NDAP ou NDOP dans les grassfields de l'ouest Cameroun

C'EST QUOI LE NDAP???

Implication des notions de Pouoh la' et Pouoh nkèh: la notion de Ndap.
Une entité intelligente est capable à  l'instant présent de se souvenir d'un de ses états à un instant antérieur pour faciliter sa prise de décision. Pour parvenir à prendre une décision, une entité intelligente consulte donc ce qu'on appelle sa base de connaissances qu'il constitue en fonction de ses décisions, de ses actions et des réactions de son environnement. En ce qui concerne les humains, cette base de connaissances a tendance à s'estomper avec le temps, phénomène de l'oubli. D'où la nécessité d'un support auquel on peut se référer pour se rafraîchir la mémoire. C'est ainsi qu'est née la notion de base de données. Une base de données est un ensemble cohérant et sans redondance de données organisées et gérées de façon permanente pour faciliter la recherche d'informations. Une des caractéristiques principales d'une base de données est que les données qu'elle contient sont persistantes (durent avec le temps).
  L'outil permettant de stocker et de retrouver une information dans une base de données est ce qu'on appelle le système de gestion des bases de données. Un même système de gestion des bases de données permet donc de gérer plusieurs bases de données. On pourra donc demander à un tel système de nous dire quelque chose sur un mot ou une expression, et recevoir de lui des données sur une lignée familiale, une famille, un lieu, une personne, une histoire, etc. en fonction des différentes bases de données qu'il gère.
Le système traditionnel Bamiléké est basé sur la rectitude (notion de nduop) qui implique les notions de justice et de vérité. La justice traditionnelle est gérée par le "sol" via les sanctuaires traditionnels (mveu') par ailleurs lieux de cérémonies cultuelles traditionnelles. Ces sanctuaires sont hiérarchisés et localisés à divers lieux géographiques. Etant donné qu'il arrive qu'un sanctuaire dans une concession donnée fasse appel à un fils ou un petit fils de cette concession pour une raison ou pour une autre, la position géographique de cette concession devrait donc être connue de façon permanente par les fils et petits fils de la concession. Etant donné également que les migrations éloignent les positions sur le globe et que le brassage culturel favorise les confusions et les oublis, la nécessité d'un système d'identification des origines s'impose.
Face à ceci les peuples du Ndé, soucieux du respect strict des exigences de la tradition concernant l'inceste, et surtout pour permettre à un des leurs qui par la force des choses se retrouverait perdu de s'orienter pour retrouver ses origines, mirent sur pied un système de gestion de bases de données appelé Ndap. Le Ndap permet de sauvegarder uniquement le nom d'un lieu géographique et de retrouver facilement le lieu en question rien qu'en prononçant son nom. Le Ndap s'appuie sur la notion de progéniture pour constituer un puissant outil d'identification de points géographiques. Il suffit par exemple de dire 'Tabanchui' ou 'Tahdouh' pour que Bazou vienne à l'esprit de votre interlocuteur. Dès que ce mot est prononcé, votre interlocuteur devient votre base de donnée, et  son cerveau fait appel au système du Ndap pour trouver dans sa base de connaissance votre origine et vous la donner.
Le Ndap est donc un système de gestion de base de données utilisant la base de connaissance de chaque individu pour en faire une base de données. Chaque personne dans la progéniture constitue donc une base de données pour son vis-à-vis, et le Ndap un système de repérage pour la communauté. Le Ndap est en réalité une notion philosophique forte pour le Bamiléké, implémenté différemment dans les différentes contrées Bamiléké. Nous présenterons ici l'implémentation dans le Ndé.

Le Bangangté nomme par métonymie ' ndap ' tout mot faisant appel au Ndap. Nous parlerons dans la suite de ndap pour faire référence au mot permettant de faire appel au Ndap, mais plus au Système Ndap lui-même. Le ndap, communément appelé par abus 'éloge' (par manque d'un mot correspondant dans la langue française) est un nom identitaire clanique s'attribuant automatiquement à la progéniture de façon récursive, mais évolutive, suivant les notions de "pouoh la' " et de "pouoh nkèh".
Revenons au nom identitaire. Chez le Bamiléké, il y a plusieurs types de noms pour une même personne dont trois principaux. Il y a le nom homonymique (nom de famille), le prénom (nom circonstanciel, ex. sika'ping, nduopmeu, siyapzeu...) et le nom honorifique (distinction honorifique par ex. sèp njui, youngwèh...). Un autre type de nom est le nom nobiliaire (titre donné par le chef à un noble, par ex. Meunkèp ). 
Les ndap sont donc soit tirés des noms homonymiques (s'il fait référence à quelqu'un qui a marqué son temps et est très populaire à son époque), soit des noms honorifiques (si la bravoure de quelqu'un lui avait permis de se faire distinguer et l'avait rendu populaire), soit des noms nobiliaires (s'il s'agit de quelqu'un d'influent ayant un titre de noblesse et qui était très populaire à son époque), soit des noms de sanctuaires traditionnels, soit des noms d'éléments importants du relief environnant, soit d'une légende.
Les fils d'une concession (voir posts précédents) sont référencés par les ndap venant de la concession où ils sont "pouoh nkèh", jamais de leur père. Les filles de la concession sont référencées par les ndap venant de la concession où ils sont "pouoh nkèh", mais également de la concession où leur père est fils.
Par exemple, Nana est un fils du chef Kemayou' 1 à Bazou, il est un très grand chasseur qui aime beaucoup la population du village et son butin de chasse il le partage avec elle qui finalement l'appelle Youngwèh (celui qui chasse et distribue à tous). Parce qu'il se nomme Nana et qu'il est notable, on l'appelle donc 'Na nkèp' (notable Nana). Toutes les filles de Nana vont être appelées 'rwo na nkèp' (fille de na nkèp). Ceci veut dire que toutes les filles issues des hommes reconnus comme 'fils de la concession' chez Nana vont être appelées 'rwo na nkèp'.
Une des valeurs du Ndap est, en dehors de l'identification des  origines, l'empêchement des mariages incestueux et toutes les difficultés qu'ils causent à la progéniture.
LE DÉTOUR PRODIGIEUX

#SauvonsLeNdop

Rituel de la chevre au lieu Sacré chez les Bamileke

Ingrédients nécessaires:

- un bouc
- 5l d'huile rouge (on laisse le reste au gardien du lieu)
- 1/4, 1/2 ou 1 sac de sel (on laisse le reste au gardien du lieu)
- environ 4 jujubes
- le gâteau de maïs (indispensable) 
- le pistage du village
- du vin blanc

Différents étapes:

1- nettoyer le lieu sacré a l'aide de vos mains
2- asperger du sel avec vos deux mains pour ouvrir les voies et apaiser les esprits
3- laisser le sacrificateur asperger du jujube pour annoncer votre rituel et dire ce qui vous amène
4- égorger votre bouc (soit par vous même, soit par le sacrificateur) . mais avant, les testicules du bouc lui sont coupé (pendant qu'on le coupe, bien vouloir soulever vos propres testicules a l'aide de votre main droite. Pareil pour tout ceux présent). Le sang est.ensuite aspergé au lieu sacré, sur toutes les divinités qui y vivent (généralement représenté par les pierres)
5 - brûler ensuite le bouc, le découper en morceaux. Les parties qui vont au lieu sacré sont: la tête, les quatres, le foie, les poumons, le coeur, la poitrine. Tous ces parties sont grillé prêt  être consommé. On y ajoute environ 1l d'huile rouge. Ensuite le sacrificateur ou vous même donnez a manger au lieu sacré. Si c'est le sacrificateur qui le fait, mettez toujours votre main sur.son épaule.ou sur son dos. Après on fait gouter cela a tout ceux qui sont présent

6- on mélange le gâteau de maïs pour le donner au lieu sacré. On fait également gouter par tout le.monde.

7- on brûle ou faire frie le reste de viande dans une marmite et on le partage a tout monde accompagné d'une bière. Bien avant, on verse un jus au lieu sacré. 

8- on mélange 2 jujubes a la tête dulieu et on vous donne.

9- vérifié si le rituel a été accepté en jetant les 2 peaux du jujube aspergé en l'air. Si l'un est ouvert et l'autre couvert, votre sacrifice a été accepté pour l'objet qui vous a amené. Au cas contraire, posez les question pour demandé la raison. On vous repondra. 

10- désintéressé enfin le gardien du lieu qui au préalable va oindre votre poitrine et votre front avec la terre du lieu sacré.

NB: ne jamais versé du vin blanc au lieu sacré

Fils des lieux sacrés

mardi 14 avril 2020

S’assoir sur sa chaise* (E’nang-leng) chez les Bafou

Chez les Bafou, E’nang-leng est une des étapes de l’ascension sociale d’un individu. C’est un rituel qui permet à l’homme d’affirmer sa responsabilité et sa reconnaissance envers ses parents ou son tê-nkap. On peut s’assoir sur la chaise dans trois cas de figure:
- La chaise chez le père géniteur ( *aleng m’bah mo’oh moo* )
- La chaise chez le Têh-nkap ( *aleng m’bah tê-nkap* )
- La chaise d’installation d’un hériter comme nouveau chef de famille ( *aleng ngang m’bah* ).

1. *La chaise chez le père géniteur* : 

D’après la tradition Bafou, chaque être humain est moralement redevable vis-à-vis de son géniteur, du fait de lui avoir donné la vie et pris soin de son éducation. A un certain niveau de son ascension sociale, le fils doit retourner chez son père pour lui manifester sa gratitude en s’asseyant sur la chaise dans la concession de ce dernier. Au cas où le père géniteur est déjà décédé, le successeur le remplace valablement. 

Signalons que si le père (ou son successeur) ne s’est pas encore lui-même assis sur la chaise chez ses parents, il n’a pas le droit d’organiser dans sa concession une cérémonie de E’nang-leng. Dans ce cas, le fils qui désire s’asseoir sur la chaise ira plutôt le faire chez son grand-père et non plus chez son père ( *aleng m’bah mo’oh moo ndieh* ) . 

2. *La chaise chez le Tè-nkap* : 

A l’époque de nos ancêtres, certains dignitaires du groupement Bafou ramenaient des personnes d’autres contrés ou d’autres familles (hommes ou femmes) pour travailler à leur propre compte dans les plantations ou comme domestiques de maisons. Une femme pouvait être vendue par son marie pour payer une dette, un père pouvait faire de même pour un enfant afin de résoudre un problème financier, etc.  Ces personnes étaient considérées comme une propriété de leur tuteur d’origine, et leur restaient redevables au fil des générations. Le Tè-nkap est alors considéré, comme le nouveau propriétaire avec droit de vie ou de mort, ou dans une certaine mesure, comme le maître dans le cadre d’une relation de maître à esclave. Acheter un esclave était donc un investissement *ad eternam* étendue sur l’esclave direct et toute sa descendance. 

Tê-nkap veut donc littéralement dire *le propriétaire grâce à son argent ou du fait de son argent* , tandis que le filleul (ou l’esclave) est appelé *Etsou-nkap* (la fortune, le bien, la propriété). 

Tous les descendants des personnes issues de ce genre de transactions devaient payer un tribut à leur maître et même à une autre personne désignée par ce dernier au cas où il décède. Comme la femme est appelée à se marier, toute sa descendance va payer ce tribut à perpétuité chez ce maître et chez sa descendance.

Quant à l’homme, il paie ce tribut pour lui seul et cela s’arrête puisqu’il ne « produit » pas d’enfants au sens de la femme. Mais avant tout, on devait donner une grosse chèvre au Tè-nkap pendant la dot de sa femme.

La relation avec le Tè-nkap peut être soit du côté maternel, soit du côté paternel. La tradition Bafou ne donne pas la possibilité d’un affranchissement du lien maternel, et s’assoir sur la chaise chez le Tè-nkap du côté de sa mère n’a aucune conséquence sur le lien de dépendance. Par contre, si le lien est du côté paternel, E’nang-leng permet de mettre fin à cette dépendance générationnelle et de couper ainsi définitivement les liens de soumission. Il s’agit donc d’une forme d’affranchissement qui rend le sujet désormais détaché de son maître et socialement responsable et indépendant. 

3. *La chaise d’installation d’un héritier comme nouveau chef de famille* : 

Un être humain vient toujours de quelque part. D’après la tradition Bafou, lorsqu’un nouveau successeur est installé dans une famille, il doit retourner dans la concession d’origine de son père pour s’assoir sur la chaise. C’est une sorte de retour aux sources qui permet de pérenniser la lignée familiale. En réalité, il s’agit de la cérémonie d’installation officielle du successeur sur la chaise du père et c’est l’occasion pour ses frères et sœurs devenus désormais ses enfants, de venir lui faire allégeance. Il peut profiter de l’occasion pour ennoblir certains de ses « enfants » en leur attribuant des titres. Les personnes ainsi ennoblies s’asseyent aussi sur leur chaise le même jour.  Les ma’ah du nouveau chef de famille doivent avoir les sacs traditionnels (Mb’ôh) et des queues de cheval (S’hang-leu’ôh). 

4. *Déroulement de la cérémonie proprement dite*  : 

Pour la cérémonie proprement dite de E’nang-leng, il faut déjà noter qu’elle  n’est exigée qu’une fois le garçon marié. Le postulant doit apporter des cadeaux composés d’un bouc castré, un porc qu’on tuera et dont le Tê-nkap aura la partie postérieure comprenant les deux cuisses (uniquement exigible pour la chaise chez le Tè-Nkap). Le reste sera partagé aux personnes présentes.de la nourriture cuite, de la boisson, du  sel, une tine d'huile de palme, deux gousses de Ndeuh-Ndeuh, de la poudre d’acajou (E’peuh) et  une somme d'argent dont le montant n'est pas déterminé. Le bouc sera immolé en signe de sacrifice, afin de signifier aux ancêtres qu'un fils de la famille s'assoit sur sa chaise. Il doit également apporter à son père ou, le cas échéant à l’héritier de celui-ci, à son Tê-nkap, deux sièges traditionnels à trois pieds sculptés dans un bois local (Ako’oh). Il doit également apporter pour la cérémonie, deux grands boubous traditionnels et deux chapeaux assortis, et éventuellement des parures (colliers, bracelets), deux verres à boire en corne de bélier (n’dong), etc… 

Le rituel consiste pour le postulant, à présenter ces cadeaux à son père ou à son Têh-Nkap. *L’apogée de la cérémonie se situe généralement à l’intersection entre l’acte d’immoler le bouc castré et la destination de son sang qui coule sur le sol, pour matérialiser l’attachement du fils  à ses origines, la terre de cette concession qui l’a vu naître et l’adobe comme dignitaire et ayant-droit de la famille*. 

 Par la suite, et à l’aide des boubous apportés pour la cérémonie, le père (ou le Tëh-Nkap) s’habillera d’abord, puis habillera ensuite le postulant. Il le fera asseoir sept fois sur le  Ako’oh en prononçant à son endroit des paroles de gloire et de bénédiction. Le père va s’assoir à son tour sur le deuxième tabouret et boira du vin de raphia dans le verre en corne de bouc en compagnie de son fils. Le fils rentrera dans sa concession avec le 1er siège traditionnel et laissera le 2e chez son père pour signifier qu’il ne manquera jamais de siège où s’asseoir quand il viendra rendre visite à son parent. Il en sera de même de tout ce qu’il avait apporté en double au père. Le fils devra ensuite couvrir la chaise (E’ndziag-ne leung) c’est-à-dire y déposer l’argent que le père empochera.  A l’heure du repas, il devra distribuer de l’argent à tous ceux qui assistent à la cérémonie et surtout aux femmes qui ne manqueront pas d’entonner des chansons de glorification. 

Signalons pour terminer qu’en cas d’anoblissement, le Mbô’h des Maha (sacs traditionnels) doit être achetés par le père nouvellement installé, alors que chaque personne anoblie se charge de l’achat de sa queue de cheval, de l’achat de son Ako’oh (chaise traditionnelle), ainsi que de l’argent pour couvrir sa chaise. 
En définitive, la cérémonie de E’nang-leng vise à ramener l’homme sur les traces de ses origines, et permet de seller les liens avec la lignée familiale. Cependant, si le retour d’un fils vers ses origines paternelles parait être tout à fait compréhensible, les liens avec le Tê-nkap et toutes les exigences qui y sont associés, sont de nos jours fortement remises en question, car il s’agit des relations éloignées dont les origines sont parfois non-expliquées. Comment comprendre que des malheurs arrivent à des familles à cause d’un parrain avec qui il n’existe aucun lien de sang ?

Merci de vous être abreuvés une fois de plus au bouillon de ce dimanche matin. N’oubliez surtout pas, nos traditions s’invitent aujourd’hui au rendez-vous des grandes civilisations mondiales et dévoient être à la hauteur et mériter une identité digne et noble. Pour cela, nous devons être les véritables ambassadeurs de ce patrimoine qui marque notre identité. Pourtant, une question continue de s’inviter dans les débats : « Comment défendre une culture si l’on ne la comprend pas, si non ne la maîtrise pas ?» C’est pour cette raison que nos associations culturelles doivent plus que jamais étendre leurs missions à la formation et au débat culturel, pour que vivent notre culture, nos racines… Merci et à dimanche prochain pour une autre marmite bien pimentée.

*Mooh Sob Ndoungue Eric Géraud NOUPOUWO*

samedi 11 avril 2020

Le Suicide de Opus

 

Le 23 mars 1994, le médecin légiste a examiné le corps de Ronald Opus et a conclu qu'il était mort d'une blessure par balle à la tête. R. Opus avait sauté du haut d'un immeuble de dix étages avec l'intention de se suicider. Il a laissé une note avant de sauter dans le vide, en expliquant ses raisons. Pendant la chute et le passage du neuvième étage, sa vie a été interrompue par un coup de fusil qui a traversé une fenêtre et l'a tué instantanément.

Ni le tireur ni le kamikaze ne savaient qu'un filet de sécurité n'avait été installé qu'au huitième étage, afin de protéger les travailleurs de la construction et, par conséquent, Ronald Opus n'aurait pas achevé son suicide, du moins en la façon dont vous aviez à l'esprit.

"Typiquement", a poursuivi le Dr Mills, "une personne qui tente de se suicider et qui réussit, même si le mécanisme n'est peut-être pas ce qu'il voulait, le suicide est toujours défini."

Le fait que R. Opus avait été abattu sur le chemin d'un suicide qui ne réussirait probablement pas a amené le médecin légiste à ordonner un homicide. La pièce du neuvième étage à partir de laquelle le fusil a été tiré avait été occupée par un homme plus âgé et sa femme. Alors qu'ils avaient une forte dispute, il l'a menacée avec le fusil de chasse. L'homme était tellement bouleversé que lorsqu'il a appuyé sur la détente, un tas de plombs est passé par la fenêtre et a atterri sur la tête de R. Opus.

Quand on a l'intention de tuer accidentellement le sujet A et on tue  le sujet B, l'un est responsable de la mort du sujet B. Lorsque le vieil homme a été inculpé de meurtre, lui et sa femme n'ont pas hésité. Tous deux ont dit qu'ils pensaient que le fusil de chasse était déchargé, que c'était une vieille habitude du vieil homme de menacer sa femme avec son fusil de chasse déchargé. Il n'avait aucune intention de la tuer. 
Par conséquent, la mort de R. Opus semblait être un accident, ce qui signifie que l'arme avait été accidentellement chargée..

L'enquête qui a suivi a révélé, selon les témoignages d'un témoin, que le fils du couple avait été vu portant le fusil de chasse quelques semaines avant l'accident mortel. La vieille femme aurait retiré le soutien financier de son fils, et le fils, conscient de la propension du vieil homme à viser sa mère, a chargé l'arme dans l'espoir que son père tuerait sa mère. Le meurtre de R. Opus était désormais la responsabilité du fils.

Et voici la touche exquise, lors des enquêtes Plus tard, il a révélé que le fils était en fait Ronald Opus. Il était devenu si déprimé par la tentative de meurtre de sa mère que cela l'a conduit à sauter du 10e étage le 23 mars, pour être tué par un coup de feu à travers une fenêtre du 9e étage. Le fils s'étant suicidé, le médecin légiste a classé l'affaire comme un suicide.